Au terme d'une semaine de voyage en France, les quatre cortèges partis de Grenoble, Strasbourg, Rennes et Montpellier se sont retrouvés à Paris pour un rassemblement place de la République. L'occasion pour l'APF France handicap de rendre visible le combat pour les droits des personnes handicapées. En espérant peser sur la conférence nationale du handicap début juillet.
Avec de la samba brésilienne lancinante, des personnes en fauteuil roulant agitant des fanions de l'Association des paralysés de France et une grande banderole "En route pour nos droits", l'arrivée place de la République à Paris des participants à cette caravane ce 14 mai n'est pas passée inaperçue. Le beau soleil était de la partie et on sentait une vraie joie d'être là, dans la capitale, pour se faire entendre et sortir de l'invisibilité politique. A quelques jours d'un scrutin européen qui s'intéresse bien peu aux enjeux du handicap, l'APF France handicap entendait d'abord rappeler le président de la République à ses
engagements, deux ans après son élection. Chiffre terrible : selon une enquête commanditée par l'APF, 91 % des personnes handicapées ont un état d'esprit négatif dont 74 % se déclarent révoltées.
Désaccords avec l'Elysée
D'ailleurs, en matinée, une délégation de l'APF conduite par le président Alain Rochon, avait rencontré Marie Fontanel, conseillère solidarités et santé à l'Elysée, pour lui remettre les 27 000 signatures récoltées en une semaine. Lors de la discussion, explique Stéphanie Collet, membre de la délégation d'Ille-et-Vilaine, présente à l'Elysée, deux sujets de désaccord majeurs se sont exprimés. Pour la conseillère du président Macron, l'AAH est un minima social et les revenus du conjoint doivent être pris en compte pour le calcul de l'AAH. Deux positions que conteste vivement l'APF France handicap.
Engagement sur l'accessibilité
Sur la place de la République, 300 à 400 personnes ont pris place, une partie venant des vingt-deux camionnettes qui ont sillonné la France, les autres en provenance de toute la région parisienne. Les premières racontent une semaine de rencontres et d'actions militantes au fil des étapes. Ils parlent d'un accueil plutôt bon sur le terrain, de gens sensibles aux revendications de l'APF (voir notre vidéo) et d'élus rencontrés. "Notre caravane, explique à la tribune Alain Rochon, a déjà obtenu des résultats locaux. La ville de Clermont-Ferrand s'est ainsi engagée à continuer de construire du logement 100 % accessible". La loi Elan qui commence à s'appliquer ne prévoit plus que 20 % de logements accessibles, ce qui a tendance à fâcher toutes les organisations de personnes handicapées.

Annonces à la conférence du handicap ?
Mi-drôle, mi-sérieux, le président Rochon explique toutes les difficultés pour organiser l'arrivée de la vingtaine de camionnettes à Paris. "On ne pouvait pas passer par les Champs Elysées ni par l'Assemblée. Cela ne nous a pas empêché de faire parvenir un courrier aux députés et aux sénateurs." Il se demande si le pouvoir ne cherche pas à brider toute forme de contestation avec toutes les restrictions à la manifestation. "Le gouvernement a tout intérêt à nous écouter", affirme Alain Rochon. Et d'ajouter : "Le président doit faire des annonces lors de la conférence nationale du handicap (1)." Deux ans après l'élection d'Emmanuel Macron, le décalage est jugé important entre les engagements du président de la République et leur traduction politique. "C'est ce qui explique notre colère", conclut le président de l'APF France handicap.
(1) Se réunissant tous les trois ans, la CNH devrait avoir lieu début juillet. Aucune date n'a encore été communiquée.